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Repas sur la colline d’El Maïda

En Mai 2011. Ce jour là , sur les hauteurs d’El Maïda on avait mangé du Rfiss avec du petit lait, spécialité de la région fait par des mains généreuses d’une ferme sur les hauteurs, pas loin. Un magnifique souvenir. On surplombait la ville et les pleines entourant la ville de Sedrata. Sur la colline d’El Maïda se trouve des gravures rupestres notamment un Pelotovis. Ammar CHOUABNIA dans son receuil : Esprit de mon village : SEDRATA, Mais au Fait allons y voir…magnifie les promenades et les souvenirs de son enfance dans la région de Sedrata : « Tout ce monde encore présent, pourtant visible semble être ignoré par d’autres, par ceux qui parlent leur langage. Dans la rue d’hier, les pierres aussi parlent leur langage, celui-là d’ailleurs je le comprends avec énormément d’émotion tant qu’il ne parle qu’à moi seul d’abord…et ensuite aux autres. Vous me parlez de libellules bleues se mirant sur le vert de mon ruisseau, j’allais les voir après ma classe pour disserter et partager non pas mon impression, mais mes sentiments. A l’épicerai, le bonheur était également là, seulement avec moi et m’embaumait, de cet arôme mélangé de cultures aussi variées que les quatre saisons de mon pays encore occupé ! Lorsque dans l’autocar qui nous emmenait à la campagne pour la fête d’une cousine, la route bien bitumée et sinueuse mettait en relief ce merveilleux décor de la nature qui gâtait tout le monde offrant tous ses caprices surtout à moi qui en cherchait encore, je fermais mes yeux de temps à autre pour mémoriser cette splendeur et implorais Dieu de la préserver d’avantage. La nuit venue, ma curiosité était aussi grande que cette multitude de bruits, de pas s’enchevêtrant aux voix, aux youyous lointains, aux aboiements des chiens…et des renards qui se risquaient aux alentours du village que l’obscurité enveloppait inexorablement. Le matin par sa rosée et sa fraîcheur, lui, ne nous oubliait pas : R’fis et lait écaillé venaient égailler le début d’une immense journée, qui, elle non plus, par sa splendeur semblait être un défi par ces temps difficiles ». Tarik-Ouamer-Ali

Le nombriliste !

« La scène du téléfilm « Les Escargots de Joseph » de Sophie Roze nous présente Joseph, un petit garçon (bien qu’il ne soit pas vraiment petit) et timide, passionné par la collection d’escargots. Pour lui, la compagnie de ces créatures est la seule source de réconfort. Après avoir suivi un cours à l’école sur l’anatomie du nombril, il rêve qu’il se fait avaler par le sien. Tout bascule pour lui lorsqu’il découvre le monde inquiétant des nombrilistes, une expérience que beaucoup d’entre nous connaissent sans aucun doute. La spirale de la coquille d’escargot renvoie au vortex qui aspire tout et à la tour de Babel qui défie les dieux. Le récit explore les thèmes de la timidité, de l’introversion et même de l’égocentrisme. Lilian Glass résume de manière concise les contours du nombriliste : « Le Nombriliste accepte toutes les idées des autres pourvu qu’elles aillent dans le sens des siennes. Dans la vie, il aime une chose par-dessus toutes : lui-même. Pour le Nombriliste, une seule chose compte : lui-même. C’est la personne la plus centrée sur elle-même que vous rencontrerez. Il ne veut parler que de lui, n’agir qu’en fonction de lui et ne s’intéresse qu’à ce qui le concerne personnellement. Son discours est ponctué de « je », de « me » et de « moi ». Une conversation avec lui pourrait être l’expérience la plus éprouvante de votre vie, car il monologue au lieu de dialoguer avec vous. Il aime s’entendre pérorer. Il ne fait que ce qui se rapporte à lui.». Afin de réduire les effets négatifs de cette attitude centrée sur soi, la tradition védique préconise de cacher ou de couvrir le nombril, seulement le soir et au moins une fois par mois.» Tarik Ouamer-Ali

Sadia Ath A3mar Ou3li alias Sekoura

« Je ne saurais décrire tout le bonheur partagé avec ma tante « Sekoura » il y a plus de 20 ans à Sedrata, où elle vivait avec ses chats. Un être fort, caractériel, sincère et courageux. Sadia de son prénom, doit son surnom de Sekoura, « la colombe », pour sa beauté décrite. J’ai adopté ses univers imaginaires et réels pour en faire les miens durant mon long séjour. Pendant les soirées du printemps et de l’été, je jouais du tambourin et elle récitait des vers en kabyle. Avec son tout petit réchaud, elle surpassait tous les cordons-bleus. Peu de confort, peu de tout, mais elle était heureuse. Nous étions heureux. Tout le secret de la vie est là. »Zarrite », le chat sur son épaule, que nous avions adopté durant mon séjour. Un matin de printemps en 1995, dans la cour de la maison, nous avons découvert un tout petit chaton. Craignant pour sa survie, elle m’a demandé de lui trouver refuge ailleurs, chez le voisin d’à côté. Cependant, le lendemain matin, je le retrouve dans la cour. Le réel avait cédé sa place à l’imaginaire, et ainsi, l’aventure avec Sekoura prenait place. Une aventure fabuleuse et puissante, et depuis, le temps est resté suspendu, et il le restera jusqu’à ce jour. Ses vers prophétiques résonnent encore. La boucle est aujourd’hui bouclée. Sekoura, née Sadia Ath A3mar Ou3li le 31 mai 1920 dans la commune d’Iboudraren à Tizi-Ouzou, est décédée en 2010 à Sedrata dans la wilaya de Souk Ahras. Vous me manquez tous les deux. » Tarik Ouamer-Ali